Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, ayant esté adverti par monsieur de Monguers comme
2ung guidon du Vivarès, prins à Mirabeau, avoit esté conduit vers
3luy au Buis, lequel dit estre envoyé à une damoyselle de Privas qui
4sert ma fame pour ses affères, cependant ledit sieur de Monguers
5dit qu’il portoit quelque billet dans ung pettit de sire de la part
6de monsieur de Pierre Gourde, lequel il croit m’être mandé en motz
7covers ; et de peur que ce ne fut cause que vous eussiés de moy quelque
8oppinion sinistre, je me suys panssé de vous mander mon juge
9présant porteur, pour vous suplyer bien humblemant, Monsieur,
10croyre que j’ay bonne sovenance de la promesse que je vous ay fait
11despuys le commancemant qu’il vous pleust m’escripre ; or à touttes
12les responsses que j’ay continuées despuys et espetiallemant despuys
13les dernyères qu’il vous pleust me mander avecques les doubles
14que leurs magestés vous avyont escript pour nous asseurances
15en leur bonnes vollontés, estions clèremant manifestés pour notre
16concervation et saulve garde. Monsieur, scaichant mes actions de
17ces quartiers bonnes et estre net, je n’useray d’aultre escuze, fors
18que j’eusse bien désiré que Dieu m’eusse fait ceste grâce que, si grâce
19estoit, que ce tillet ce adressat à moy, l’on eusse attandu le
20rettour du porteur, car ma responce eust bien manifesté cy
21j’ay quelque chose de covert et caché dans mon ceur, et vous
22prometz et assure de rechief que les Anglès, les Allementz
23et Bernoys, Gasquons, ni touttes les bonnes novelles qu’ilz scariont
24escripre pour eux ne sont suffizantez me esbranler ni fère
25rompre ma promesse, et que je preigne aultre dellibération que j’ay
26fait jusques icy, et mes actions avecques mes voysins en porteront
27tousjours bon tesmoneage. Au reste, Monsieur, par ma dernyère
28lettre, je vous avoys suplyé permettre que mes officiers exerceassent
29à leur accostumée leurs offices en ce lieu. C’est une requeste
30que je vous fais, laquelle ancores qu’elle soit de pettite importance
31me servyra de beaucoup pour tenir mes subgetz en pais,
32desquelz, à présent, je ne m’en puys guyères lhouer, et feront pis
33ci tous moyens me sont hostés de les tenir en la crainte et
34hobéissance que ung subget doibt avoyr à son seigneur.
35Qu’est l’andret où je prye le Créateur,
36Monsieur, vous donner en parfaicte santé, heureuse et bien
37longue vye. De Montbrun, ce XXVIII novembre 1572.
38Votre très humble et affectionné serviteur
39Montbrun
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